Mémoire de la rue Saint Denis.
Le 20 avril 2015
Rue Saint Denis, à part les kurvés qui œuvraient 24h sur 24, il y avait de nombreux ateliers de confection dans chaque immeuble et ce sur plusieurs étages depuis le métro Strasbourg-Saint Denis jusqu’aux Halles.
Nombreuses étaient les boutiques de produits pour la confection, puis les magasins de gros ont pris le dessus « Japhet frères, Charval, Kiwo…
Le passage du Caire était le lieu propice aux achats de stoïaks (je n’ai jamais entendu le mot « portant » dans mon enfance), ceintures, sacs, mannequins…
Dans la rue ça a commencé à partir tout doucement vers la fin des années 70. Les boutiques de détails sont apparues, les bars, les restaus anciens comme « Les 2 saules » ont foutu le camp, les sex-shops en grand nombre ont fleuri, un cinéma porno avec 3 salles où ma tante Simone était caissière est arrivé.
J’en vois qui disent « waouh le veinard !
Dans les années 60 tout le monde se connaissait dans cette rue et les conversations en yiddish allaient bon train. Une chose avait continué à se perpétuer dans les années 50/60.
Lorsque l’on voulait parler de quelqu’un on ne disait jamais son nom, les ragots permettent de garder l’anonymat.
Ma grand-mère avait le chic pour désigner quelqu’un comme madame « zex kinder » qui se plaignait toujours que ses mômes la fassent tourner en bourrique.
Monsieur Kokof qui n’était pas capable de terminer une phrase, il commençait à raconter quelque chose, mais il ne terminait pas et débutait une autre histoire, monsieur Drucker ne s’appelait pas comme ça, il avait travaillé dans l’imprimerie en Pologne et savait lire à l’envers, ici il était presseur.
Monsieur Ki (kou, ku, vache) qui chiquait du tabac et en mâchait toute la journée alors que son véritable patronyme était Kiman.
Monsieur Fisher était petit, mince, sec avec les yeux qui ressortaient de ses orbites alors on l’appelait fishèlet.
Sur cette rue Saint-Denis il y avait un torréfacteur à l’angle de la rue Greneta me semble t’il qui vendait aussi des cacahuètes, raisins sec, graines diverses (tournesol et autres) et bien qu’il fut tune, les gens l’appelait rhazer, mais ça désignait un cochon d’inde pas un porc.
Ruskov était le surnom de celui qui vendait des fils, des aiguilleset du ruban dans une petite boutique. Il avait fait la guerre dans l’Armée rouge.
Shpin ou shpoun un comptable qui marchait dans la rue en ressemblant à la démarche d’une araignée va savoir pourquoi j’aurai dit plutôt crabe.
Madame vison était l’épouse d’un pelletier qui même en été avait une écharpe en fourrure, monsieur tsigar qui en avait un au bec toute la journée, madame paruk qui la pauvre perdait ses cheveux….je me souviens disait…..