Entre 1914 et 1918, la ” grande guerre ” ravage l’Europe et fait près de 9 millions de morts et plus de 20 millions de blessés : parmi eux, de nombreux israélites, français, belges, britanniques ou allemands, qui ont combattu avec patriotisme pour leur pays. Dans ces moments terribles, entre le bruit terrifiant des obus et l’utilisation des premières armes chimiques, la musique joue un rôle non négligeable pour soutenir le moral des troupes et de la population civile.
Issu d’une riche famille israélite parisienne, il était compositeur et mécène et fut l’élève de Gabriel Fauré puis celui de Jules Massenet au conservatoire de Paris. Il obtint le second prix de Rome en 1896 et fut célébré pour ses compositions de musique de chambre, ses pièces symphoniques, ses mélodies, ainsi que la féérie lyrique, Le Cor fleuri, donné à l’Opéra-Comique en 1904.
Alors que la plupart des compositeurs et musiciens sont affectés comme simples brancardiers ou ambulanciers, Fernand Halphen, âgé de 42 ans et père de deux enfants, est affecté comme lieutenant au 3e bataillon du 13e régiment d’infanterie territoriale de Compiègne, où il est chargé de créer une harmonie régimentaire. Il compte d’ailleurs parmi les rares compositeurs à avoir fondé un orchestre militaire. Le 23 août 1914, deux semaines seulement après la déclaration de guerre, il dirige déjà “un grand concert devant un parc comble” à Compiègne.
En 1915, il compose une marche militaire, intitulée éloquemment « Les poilus ». Le 22 août 1915, c’est son orchestre qui joue devant Albert 1er, roi des Belges et Raymond Poincaré au château de Davenescourt (près de Montdidier dans la Somme). Pourtant, en décembre 1915, la troupe est réorganisée, sans doute parce que les membres les plus jeunes de la Territoriale sont intégrés dans les troupes actives pour compenser les pertes. L’orchestre est alors dissous.
Entre décembre 1915 et février 1917, Fernand Halphen réunit un nouvel orchestre, cette fois dans la région d’Amiens, avec lequel il va donner plus d’une cinquantaine de concerts. Le 13 février 1917, son bataillon est dissous, chaque soldat étant désormais réquisitionné pour la défense active.
Le 18 février 1917, 5 jours après cette dissolution, il est hospitalisé à l’Hôtel-Dieu d’Amiens. Gravement malade, il sera rapatrié à Paris où il meurt le 16 mai à l’âge de 45 ans.
En écoute , deux morceaux composés par Fernand Halphen lors de la guerre. Ils sont issu du cd “Mémorial, la Guerre en Musique” qui regroupe des œuvres composées durant le conflit par des musiciens engagés. (André Caplet, René Vierne, Reynaldo Hahn, etc..). Enregistré par la Musique Principale de l’Armée de Terre . Production Corelia Musique. 2008.
Les partitions de ces deux morceaux ont été prêtées par l’Institut Européen des Musiques Juives, qui détient les archives musicales de Fernand Halphen.