Par Lucie Faitlowicz
Ce que mes yeux ont vu, ce que mes oreilles ont entendues.
Qu’on vu mes yeux ouverts?
Ils ont vu de nombreux champs, verts et dorés et beaucoup de forêts. Ils ont vu et se sont émerveillé de tout ce vert, de tous ces arbres si hauts et de la foison de cours d’eau.
Mes yeux fermés ont vu des corps fusillés entassés en masse, et les eaux insipides séchées; des cendres et de la poussière.
Mes oreilles ont entendu les chants des oiseaux et mes yeux ouverts ont suivi le vol des papillons multicolores qui butinent de fleur en fleur.
Mes yeux fermés ont vu la fumée qui s’envole très haut et que personne ne voit; pas d’oiseaux ni de papillons ni de fleurs.
Mes oreilles ont entendu les cris des mères et les pleurs des enfants et personne ne les entend.
Mes yeux ouverts ont vu les herbes vert foncé et mes oreilles ont entendu le bourdonnement des abeilles.
Mes yeux fermés ont vu des femmes et des hommes, nombreux, qui tombent comme des mouches les uns sur les autres.
Et les oreilles de mon âme ont entendu le “Shma Israël”
Mes yeux ouverts ont vu des rues luxueuses et éclairées.
Mes yeux fermés ont vu des rangées de bâtiments serrés et sombres.
Mes yeux ouverts ont vu l’abondance de fruits et légumes frais.
Mes yeux fermés ont vu la maladie et la puanteur.
Mes yeux ouverts ont vu de magnifiques bâtiments, témoins d’une époque.
Mes yeux fermés ont vu les crématoires chauds, brûlants et noirs; témoins de l’horreur.
Mes yeux ouverts ont vu des enfants joyeux, jouants, libres.
Mes yeux fermés ont vu des enfants pleurants, blessés et affamés.
Mes yeux ouverts ont vu des pierres par milliers, droites vers le ciel, gravées de noms.
Mes yeux fermés ont vu des milliers de personnes, leurs visages penchés vers la terre, sans noms.
Mais plus que tout, mes yeux ouverts ont vu et mes oreilles ont entendu, un groupe de personnes, pleurant chacun sur l’épaule de l’autre, se supportant l’un l’autre, ensemble tristes; ensemble chantant et joyeux aussi.
Ce sont mes compagnons “Amitim”(en hébreu collègues et amis) qui sont tellement vrais (en hébreu avec la différence d’une lettre Amitim veut aussi dire véritables/vrais/authentiques)
Lucie Faitlowicz de retour du voyage en Pologne
Israël le 24/8/2004
Commencé à être écrit pendant le voyage.