Alfred Lion, juif allemand, avait émigré aux États-Unis à 18 ans à cause de l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Plus jeune, Alfred Lion était déjà un passionné de musique : à l’âge de sept ans il se cachait derrière des orchestres de swing pour se trouver au cœur des percussions. Il s’associa d’abord à l’écrivain Max Margulis, qui financa les débuts du label.
Le photographe Francis Wolff (1907-1971), également juif allemand ayant fui le nazisme et ami de Lion, rejoignit alors Blue Note.
En 1940, Max Margulis quitte Blue Note. D’un côté, Alfred Lion s’occupait de sélectionner les artistes. De l’autre, Francis Wolff réalisait les photographies des musiciens qui passaient en studio pour les pochettes de disques.
Il faut savoir qu’avant-guerre, ce sont principalement des juifs qui tenaient l’industrie du jazz. En effet, après la guerre de sécession, les Noirs et les nombreux immigrés juifs étaient rejetés par les Blancs du Sud des États-Unis. Certains juifs se sont donc mis à gagner leur vie en tenant des trafics, en devenant des hommes d’affaire, y compris dans la musique.
Puisque les Blancs ne voulaient pas des rythmes jazz noirs, les juifs leur ont offert de les produire.
A New-York, dans les années 1930, ce sont les boss des mafias juives (souvent sous-estimés au profit de la mafia sicilienne) qui ont tenu les premiers labels de jazz. Alfred Lion et Francis Wolff n’étaient bien sûr en rien des gangsters, mais ils sont la preuve de la continuité de ce lien historique qui unit la communauté juive américaine au jazz.