Es shoklt zikh
Bay Nakhmanen, an oremen balebos in shtetl, lebt men shtendik in eyn shrek. Bay yeder arbet, bay yeder bavegung shrayt men dort in shtibl eyner tsum andern : pamelekh !
Bay Nakhmanen est men keyn mol ruik nit op keyn bisl gekekhts. Vayl vi men shtelt avek di shisl oyfn tish, heybt zikh der tish on tsu shoklen. Dos beste bisl – di eybershte – gist zikh oys un nokh dem muz men forzikhtik esn, staren zikh a tsu shtarkn rir nit tsu ton dem tish, kedey nit oystsugisn dem resht bisl gekekhts.
Az men est op ruik, on a sibe, dem varems, filt yederer fun der hoyzgezind a dergringerung un dankt in der shtil Got farn khesed, vos der tish hot dos mol nit gekaprizirt.
Erger iz, ober, mit der vetshere ! Vetshere est men shoyn baym lomp un di shrek vert in tsveyen. Vayl di gloz fun lomp, velkhe men hot kekoyft oyf borg, iz mit a numer greser un zi shoklt zikh um oyf der mashinke.
Di forzikhtikeyt vert greser. Ven eyner shrayt « pamelekh der tish ! », muz a tsveyter kumen tsu hilf un shrayen : « pamelekh, di gloz ! » un amol, az es halt shmol, say der tish, say di gloz heybn zikh on tsu shoklen, shrayt men tsuzamen, nor farkirtst : « di gloz ! der tish ! » un men hert oyf tsu esn, biz men baruikt nit di beyde umnormale zakhn fun der hoyz-virtshaft.
Nakhman un zayn hoyzgezind hobn shoyn tsum tish un tsum lomp ibergeton fil sgules. Unter dem hinkedikn fisl hot men a tsigl untergeleygt. Es hot, ober, nit geholfn, vayl di podloge iz nit keyn glaykhe. Di mashinke fun lomp hot men mit a papir arumgedreyt, hot es gehaltn eyn ovnt un es iz vider breyt gevorn un zikh genumen shoklen, biz men hot zikh meyashev geven un es iz geblibn azoy.
Nokh vetshere, az men vert shoyn vider ruiker, heybt zikh on a sedre mit di tsvey betn. Zey hobn zikh, kentik, ongeshtekt fun dish un shoklen zikh shoyn oykh etlekhe yor. Un az men leygt zikh in zey arayn, dakht zikh, az ot-ot falt men fun zey aroys, un nor mit nisim shloft men iber di nakht.
Un amol, az der vint in droysn blozt, shoklen zikh bay Nakhmanen di shoybn fun di fentster, di shindlen fun dem dakh un dos gantse shtibl. Demolt dakht zikh Nakhmanen, az ot-ot falt alts in gantsn ayn un er vet gornisht hobn : nit keyn tsebrokhn tishl, nit keyn gloz mit a numer greser, nit keyn betn, vos shoklen zikh, un nit keyn alt shtibl.
Un Nakhman lebt op zayn gants lebn in shrek un zayn gants lebn shoklt zikh.
Ça tremble
Chez Nachman, un pauvre chef de famille dans le village, on vit constamment dans une frayeur extrême. A chaque tâche, à chaque mouvement, là-bas dans ce logis, on hurle l’un à l’autre : doucement !
Chez Nachman, l’on ne finit jamais tranquillement le moindre potage. Car, dès que l’on pose l’écuelle sur la table, la table commence à trembler. La meilleure part – celle du dessus – se renverse et après cela, on doit manger avec précaution, s’appliquer à ne pas toucher trop fort la table, afin de ne pas renverser le reste du potage.
S’il arrive que l’on mange tranquillement, sans incident, le souper, chaque membre de la maisonnée ressent un soulagement et remercie, silencieusement, Dieu, pour la grâce que, cette fois, la table n’a pas fait de caprices.
Mais c’est bien pire avec le souper ! Le souper, on le mange déjà à la lumière de la lampe et la peur se dédouble. Car le verre de la lampe, que l’on a acheté à crédit, est d’un numéro trop grand et il se balance autour du brûleur.
La prudence grandit. Quand l’un crie : »Doucement la table ! », un autre doit venir à l’aide et hurler : « Doucement le verre ! ». Et parfois, quand on est dans une mauvaise passe, que la table et le verre commencent à trembler en même temps, l’on hurle ensemble, mais sous forme abrégée : « Le verre ! La table ! », et l’on arrête de manger jusqu’à ce que l’on calme les deux objets anormaux du ménage.
Nachman et sa famille ont déjà essayé de nombreux remèdes pour la table et pour la lampe. Sous le pied bancal on a placé une brique. Mais cela ne fut d’aucune aide, car le sol n’est pas plat. On a enroulé du papier autour du support de la lampe, mais cela n’a tenu qu’une seule soirée et c’est à nouveau devenu trop large et a recommencé à trembler, jusqu’à ce que l’on perde espoir et c’est resté ainsi.
Après le souper, quand l’on redevient enfin tranquille, commence un problème avec les deux lits. Ils ont été, visiblement, contaminés par la table et tremblent également depuis quelques années. Et quand l’on s’y couche, il semble que, dans un instant, on va en tomber, et c’est seulement par miracle que l’on passe la nuit.
Et parfois, quand le vent souffle au dehors, chez Nachman, les vitres des fenêtres tremblent, ainsi que les bardeaux du toit et toute la maison. Alors il lui semble, à Nachman, que tout soudain, tout va s’effondrer et qu’il n’aura plus rien : même pas une table cassée, même pas un verre d’un numéro trop grand, même pas des lits qui tremblent et même pas une vieille petite maison.
Et Nachman passe toute sa vie dans la frayeur et toute sa vie tremble.