4 juillet 1776
Tout comme la Torah ordonne que son enseignement soit lu à haute voix au peuple, le Second Congrès continental composé des délégués des treize colonies réunis à Philadelphie, ordonna que des copies de la Déclaration soient envoyées aux assemblées, conventions et comités de sureté et à plusieurs commandants des troupes continentales, afin qu’elle soit proclamée dans chacun des États-Unis et à la tête de l’armée.
Immédiatement après l’approbation et la signature de la Déclaration d’indépendance, 200 copies grand format furent imprimées en fin d’après-midi, le jeudi 4 juillet, par un imprimeur de Philadelphie. Le lendemain matin, des copies étaient en route à cheval vers les 13 États.
Le lundi 8 juillet, la déclaration d’indépendance fut proclamée pour la première fois en public par le colonel John Nixon du Comité de sureté de Philadelphie.
Au fil du temps, la plupart de ces copies originales ont été perdues. À la fin des années 1990, un heureux Philadelphien acheta à un vide-grenier pour 17$, un tableau qu’il voulait seulement pour son cadre.
Quand il démonta sa bonne affaire, il trouva une copie grand format de la Déclaration d’Indépendance cachée derrière la toile. Elle fut revendue aux enchères au producteur de télévision juif Norman Lear pour plus de 8 millions de dollars.
Selon la légende, un résident juif de la ville avait trouvé une copie de la déclaration d’indépendance devant l’imprimerie le 4 ou le 5 juillet 1776. Comme la plupart des Américains à cette époque, il était pris dans la ferveur des premiers jours de la Révolution.
Tout excité, il se mit à traduire le document en yiddish, pour expliquer à sa famille en Europe les événements extraordinaires qui se déroulaient en Amérique. Il envoya sa traduction, avec l’original, par courrier – mais le navire fut saisi en haute mer par un navire britannique.
Lorsque les enveloppes interceptées furent ouvertes, les officiers britanniques furent étonnés de voir la nouvelle déclaration d’indépendance avec un document inintelligible. Convaincus que les colons rebelles avaient inventé un code de guerre ingénieux, ils expédièrent la missive en yiddish à l’attention des décrypteurs des renseignements militaires britanniques – où apparemment elle ne fut jamais déchiffrée.
Une fois les colonies en guerre avec la Grande-Bretagne, certains marchands juifs de Saint-Eustache, une île néerlandaise des Caraïbes, convertirent leurs navires en corsaires et harcelèrent les navires de guerre britanniques, passèrent des armes et de la poudre aux colonies, et contribuèrent à déclencher des hostilités entre la Grande-Bretagne et la Hollande. Une part significative de la flotte britannique fut mobilisée de la sorte.
En 1781, l’amiral George Bydges Rodney rasa la synagogue de Saint-Eustache et exila toute la population juive masculine de l’île, brisant ainsi une centaine de familles.
En neuf mois, cependant, la révolution américaine l’emporta.
Si l’amiral Rodney n’avait pas passé son temps à piller et à persécuter les citoyens de Saint-Eustache, il aurait pu utiliser ses forces navales pour poursuivre la flotte française de vingt-huit navires qui permit de bloquer l’aide aux troupes britanniques assiégés à Yorktown en Virginie et la guerre aurait pu connaître un sort différent.
Les Etats-Unis doivent donc – un peu – leurs indépendance aux Juifs.
Les principes d’égalité inclus dans la déclaration d’indépendance et dans la constitution américaine firent des Etats-Unis un refuge inespéré pour les Juifs d’Europe qui devaient faire face aux persécutions. Sans parler des opportunités économiques. Les Juifs furent pris d’un amour sans bornes pour l’Amérique: “di goldene medine”.
Parmi ceux-ci se trouvait un jeune Juif de Miedzyrzec en Pologne tsariste, Yehudah Dovid Eisenstein. Arrivé aux Etats-Unis en 1872, à l’âge de 18 ans, des utopies plein la tête, après avoir colporté des mouchoirs et des bretelles, fabriqué des chemises, il investit tous ses avoirs dans la création d’une colonie agricole dans le New-Jersey, destinée à accueillir les immigrants juifs de Russie et leur apprendre à cultiver la terre.
L’affaire ayant échoué, il se reconvertit dans l’écriture et publia des milliers d’articles et plus de 150 ouvrages en yiddish et en hébreu. On lui doit la traduction en yiddish de la Déclaration d’indépendance et de la Constitution américaines, en 1892.