Même s’il m’est toujours difficile d’écrire ces simples mots sans trembler, je me sens enfin de courage à reprendre le fil de notre parcours avec Mark Rothko, l’un des plus grands artistes du XXe siècle.
Fil brutalement interrompu par ce jour qui, marqué pour être le plus joyeux de l’année, devint le jour le plus noir de l’histoire juive contemporaine. Noir de cendre, de sang séché, de corps brûlés, noir de nuit juive éternellement recommencée, de désespoir.
Avant de s’enfoncer lui-même dans la nuit, Mark Rothko conclut son oeuvre par d’immenses toiles noires, totalement noires, si noires, qu’en s’y plongeant avec suffisamment de patience et d’abandon, en laissant l’oeil s’y perdre jusqu’au regard intérieur, elles s’avèrent tout autres que noires. Comme un commencement du monde qui surgirait du néant avant que la lumière fût.
Nous y reviendrons plus tard.
Né Markus Yakovlevich Rothkowitz, le 25 septembre 1903 à Dvinsk, à l’époque dans l’empire russe, aujourd’hui en Lettonie, il est surtout connu pour ses peintures à champs de couleurs qui représentent des régions de couleur irrégulières et rectangulaires, qu’il a produites de 1949 à 1970.
Bien que Rothko n’ait personnellement adhéré à aucune école, il est associé au mouvement expressionniste abstrait américain de l’art moderne. Émigré à l’origine à Portland, dans l’Oregon, avec sa famille, Rothko s’installa ensuite à New York où sa production artistique de jeunesse portait principalement sur les paysages urbains.
(Illustration: Composition I – 1931)